Observatoire des Rythmes et des Temps de vie des Enfants et des Jeunes

Pourquoi faut-il des évaluations et que faire des évaluations ?

Temps éducatifs et efficacité des différents systèmes scolaires au travers des évaluations internationales PIRLS, TIMSS, PISA

C’est à ces questions que l’ORTEJ a voulu répondre en organisant une rencontre le 13 décembre 2024 dans les locaux du SI.EN et en invitant des intervenants spécialistes des évaluations internationales PIRLS et TIMSS pour l’école primaire, PISA pour les élèves de 15 ans.

Après une introduction de Michel Volckcrick, Président de l’ORTEJ, qui rappelle combien il milite depuis des années pour la connaissance des évaluations internationales, moins par les résultats que par le contenu et les analyses qui en découlent, considérant qu’elles conditionnent les apprentissages, Pascal Bouchard, rédacteur en chef de ToutEduc et animateur de cette journée, commence par dénoncer les évaluations internationales avant de déclarer que leur finalité n’est pas la production de données mais l’évolution chez les enseignants en amont, et de lancer cette table-ronde en posant quelques questions :  qu’est-ce que nous disent du réel les évaluations ? Que peuvent-elles nous dire de ce qu’il faudrait faire ? Ou pour le dire autrement, les évaluations échappent-elles aux présupposés idéologiques et parfois inconscients de leurs commanditaires ?

Isabelle DEMONTY et Virginie DUPONT, Professeures à l’université de Liège, ont présenté en premier lieu les évaluations internationales PIRLS et TIMSS. Ces deux évaluations cherchent à déterminer si les élèves ont atteint les buts qui leur étaient tracés par les programmes scolaires de lecture, mathématiques et de sciences. Tandis qu’Eric CHARBONNIER, analyste à la direction de l’Éducation et des Compétences de l’OCDE, a mis en avant le fait que l’évaluation PISA s’inscrit dans une vision prospective ; il s’agit de voir si les élèves ont acquis les compétences qui leur permettront de poursuivre des études et de s’insérer dans la vie active.

L’étude PIRLS (Progress in Reading Literacy Study – Programme international sur le développement des compétences en lecture) qui se déroule tous les 5 ans a pour objectif d’évaluer le niveau de compréhension en lecture des élèves à un moment de leur scolarité, et aussi de recueillir une multitude d’informations auprès des élèves, des enseignants, des directeurs d’écoles et des parents.

Dans un premier temps, nos deux enseignantes identifient le problème au travers de quelques graphiques sur la faiblesse des résultats de nos élèves français et sur les niveaux de compétences.

L’évaluation TIMSS, quant à elle, évalue les compétences des élèves de CM1 et de 4ème de collège en mathématiques et en sciences.

L’évaluation a concerné en 2023, 57 pays et en France plus de 4700 élèves.

Et pourtant, les temps d’enseignement ne manquent pas

Avec des rythmes atypiques pour la France.

On trouve ensuite quelques pistes de travail pour améliorer les compétences de lecture, de mathématiques et de sciences.

Eric Charbonnier présente ensuite la méthode PISA, les performances en France et quelques leviers d’amélioration inspirés de bonnes pratiques internationales.

A la question sur l’efficacité de l’investissement des communes dans les outils numériques, Eric Charbonnier évoque les pays qui les utilisent beaucoup et qui ont de bons résultats. Ce sont des pays qui ont une longue utilisation des outils numériques, où les enseignants sont formés. Dans les pays nordiques, l’ordinateur est l’assistant de l’enseignant. Pendant que des élèves sont sur des tâches de répétition, l’enseignant peut se concentrer avec d’autres sur des tâches plus difficiles pour différencier son apprentissage. L’ordinateur peut, par ailleurs, développer la confiance des élèves.

=> RENFORCER LA FORMATION DES ENSEIGNANTS SUR LES ASPECTS PÉDAGOGIQUES DU MÉTIER, L’UTILISATION DES OUTILS NUMÉRIQUES ET LE TRAVAIL EN ENVIRONNEMENTS MULTICULTURELS

=> ACCORDER DAVANTAGE D’AUTONOMIE AUX ÉTABLISSEMENTS ET À LEURS ACTEURS

La question n’est pas d’augmenter encore les temps d’enseignement sur les savoirs fondamentaux qui sont déjà fort importants.

Il FAUT CRÉER UN CONSENSUS AUTOUR DES RÉFORMES

Eric Charbonnier cite un pays où il s’est agi d’interroger tous les acteurs (enseignants, élèves, parents, collectivités…) pour aboutir à un consensus sur des réformes à envisager. L’adhésion de tous a nettement modifié les pratiques et amélioré les performances des élèves.

MOBILISER L’ENSEMBLE DES ACTEURS DANS LA LUTTE CONTRE LES INÉGALITÉS SOCIALES DANS L’ÉDUCATION 

MIEUX UTILISER LA RECHERCHE EN ÉDUCATION POUR GUIDER LES RÉFORMES ET LEURS ÉVOLUTIONS

Cette rencontre de près de 3 heures, émaillée de questions très pertinentes des membres présents a montré tout l’intérêt qu’il y avait de connaître davantage le fonctionnement des systèmes éducatifs des autres pays au travers des analyses faites autour des évaluations internationales pour améliorer le bien-être de nos élèves et par là leurs résultats scolaires.

Nul doute que l’ORTEJ aura soin de proposer d’autres rencontres de cette qualité.

L’enregistrement des communications des intervenants de cette journée scientifique animée par Pascal BOUCHARD, sera disponible à la demande des adhérents de l’ORTEJ.